Le syndrome de la page blanche n’est pas exclusif aux auteurs ou aux romanciers. Les entrepreneurs en devenir font aussi fréquemment l’expérience de cette paralysie d’amorce. Qui rencontrer en premier ? La banque, les fournisseurs, les clients ou encore le propriétaire du formidable local qui se trouve au coin de la rue ?

Comme promoteur, vous pouvez en effet avoir l’impression qu’il vous suffit simplement d’assembler les différents éléments de votre projet pour qu’il se réalise. C’est malheureusement un mythe.

Il est primordial d’éviter tout engagement hâtif. Bien que le projet puisse sembler être l’opportunité du siècle, il est dangereux de se lancer trop rapidement. Cela ne signifie pas pour autant que vous ne détenez pas une opportunité intéressante, mais plutôt qu’il faut la vérifier avant de vous engager financièrement. La première étape est toujours la réflexion. Cela peut sembler conservateur à l’ère du lean startup, mais je peux vous garantir que cette sagesse paiera au détour. En premier lieu, je vous recommande de coucher sur papier votre projet en exposant clairement ce qui en fait une opportunité viable et profitable. On ne parle pas ici de faire une thèse de doctorat sur le sujet, l’exercice peut rester tout simple. Il s’agit seulement de concevoir mentalement votre projet comme un système ouvert qui interagit avec son environnement, et de prendre le temps de vous révéler à vous-même les éléments-clés de son succès.

Je recommande de débuter avec le fameux canevas Business Model Generation (http://www.businessmodelgeneration.com/canvas/bmc). D’apparence simple, ce canevas cerne les éléments-clés d’une stratégie d’affaires efficace. Comme vous le constaterez, il s’agit d’un simple tableau, mais il amène un questionnement profond. C’est l’objectif, vous devez confronter votre projet à la réalité.

L’étape de la réflexion ne doit pas se faire en vase clos. Il n’est pas questions que vous vous assoyiez dans votre salon avec votre portable et que vous rédigiez une thèse, bien au contraire. Parlez de votre projet à votre entourage. Rencontrez des gens de l’industrie, même des concurrents potentiels ! Vous serez surpris de leur ouverture. Confrontez vos idées à la réalité du terrain. Concevez mentalement votre projet. Vous vous sentirez irrité au plus haut point par ceux qui vous diront que votre projet ne fonctionnera jamais. Un petit conseil, prenez le temps de bien comprendre leur point de vue. Ces oiseaux de malheur sont peut-être les prophètes de votre succès de demain. Il est fort probable que vous n’arriviez pas à les convaincre et à leur donner foi en votre vision, mais leur apport est important pour la définition de votre modèle d’affaires. Ils peuvent amener des élément du terrain qui sont très importants. Ceux qui ont un regard rationnel, froid et détaché ont souvent un sens du détail plus affûté que la moyenne, il faut en tirer bénéfice.

Sachez donc qu’il est important de savoir faire le deuil d’un projet, avant même qu’il soit lancé. Si vous sentez que le test de la réalité ne passe pas, ne persistez pas! Une autre opportunité se présentera et vous accomplirez vos aspirations entrepreneuriales d’une manière ou d’une autre. Celle-ci n’était pas la meilleure, tout simplement. L’étape de la réflexion est primordiale, car elle permet d’abandonner les projets irréalistes, moins intéressants ou peu profitables. Cette étape équivaut à une mise en quarantaine de votre projet. Elle permettra d’éliminer les projets nocifs à votre cheminement d’entrepreneur. Par contre, elle vous permettra aussi de vous engager pleinement dans le ou les projets qui représentent un réel intérêt commercial. Lorsque la bonne opportunité se fera sentir, vous serez prêt à débuter la démarche. Ainsi, vous aurez passé l’étape de la réflexion et serez prêt à faire un autre pas, mais ça, c’est une toute autre histoire.